Transformer

Le Tarn, en 2017, on l’a suivi en se promenant dans l’automne, à la recherche dilettante de châtaignes, il traçait son lit à côté de la petite route entre Albi et Ambialet. Les rochers longs et noirs du fond qu’on voit rarement, étaient mis à nu. Un squelette de rivière, misérable et beau dans l’écrin bronze de l’automne. La petite route se love dans la vallée étroite qu’il a creusée, elle s’enfonce dans des tunnels de carton-pâte, aux arrondis légèrement bancals, tout étroits, tout sombres, qui accueillent en fin de parcours la lumière, une délivrance.

Les châtaignes étaient petites : c’était la fin de la saison et probablement, dans le lieu de promenade très fréquenté qu’est Ambialet, les plus grosses avaient -elles déjà été ramassées.

Cette année, j’espère que les pluies du printemps laisseront le Tarn moins efflanqué, et que les châtaignes seront moins ratatinées. Les châtainges me font penser à Suzie de Susie fruits, je ne pense pas qu’elle ait besoin de publicité éétant donné le succès de ses produits, mais il faut parler de ce qui est beau, de ce qui est bon. Et Suzie, c’est une belle personne. Et dans les Suziandises, sirops, jus de fruits, confitures, pâtes de fruits, il y a les qualités des fruits, du terroir, des méthodes de culture, et les qualités de Suzie.

Transformer est addictif, à chaque fois que je me lance dans une opération minutieuse, dont je sais quelle va prendre beaucoup de temps, je fulmine, je me dis que c’est la dernière fois. Et je recommence, semant dans ma cuisine des casseroles, des bassines, des poubelles emplies des épluchures qui se transformeront en compost. Des pots de verre vides, des écumoires. Les pots s’accumulent. Je ne suis pas de celles et ceux qui vont jusqu’à coller de belles étiquettes sur leurs parois, pour mieux se repérer. Dés l’élaboration, transformation accomplie, je me désintéresse du sujet. Il m’est arrivé de me tromper, d’ouvrir un bocal de petites olives à la place de tomates au vinaigre. Je crois parfois ouvrir un pot de confiture et c’est une sauce qui apparaît. Divine surprise ! (Vite, il faut se mettre en cuisine).

J’ai tenté de faire des prunes Umebochi (méthode japonaise) avec des prunelles, j’avais cherché la méthode sur Internet. Le goût n’est pas très intéressant à mon goût, et je ne sais pas si j’ai raté la recette ou si c’est normal. Une japonaise près de chez moi (Tomoko) anime des ateliers cuisine, notamment autour de la fabrication de miso. Elle a participé à un livre sympa « ?? ».

J’aime la transformation des aliments par la fermentation. On vante aujourd’hui ses bienfaits, qu’on avait un peu oubliés.

Ente le cru et le cuit, entre nécessité de conserver et plaisir de déguster, entre économie, diététique et hédonisme. Entre nature et culture. Entre vie et mort, j’aime les moisissures, les pourritures, le renouveau. Une continuité. Comment a-t-on eu l’idée de ces transformations, comment a-t-on expérimenté l’intérêt gustatif de boucanner, de saumurer…

On s’allie avec le feu, avec le soleil. Le sel est un trésor.